Critique : Ready Player One ⭐️⭐️⭐️



Ready Player One est un film de science-fiction sorti en 2018. Ce film est une adaptation du livre Player One écrit par Ernest Cline en 2011.
Synospsis : 2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l'OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l'œuf de Pâques numérique qu'il a pris soin de dissimuler dans l'OASIS. L'appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu'un jeune garçon, Wade Watts, qui n'a pourtant pas le profil d'un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant…

Trois semaines avant la sortie de Ready Player One et dans le cadre d'une grande avant-première, de nombreux "influenceurs" se sont exprimés sur le nouveau film de Spielberg. Les critiques étaient élogieuses, annonçant ce film comme le meilleur de l'année.
Plutôt sceptique devant cette vague d'admiration, ma curiosité m'a finalement amené dans les salles de cinéma. Mais alors, que vaut réellement ce Ready Player One ?

Le premier mot qui m'est venu à l'esprit : "mitigé".

D'un côté, Ready Player One est un formidable film de divertissement avec énormément de qualités esthétiques et de mise en scène. De l'autre, certains défauts typiques des blockbuster "grand public" viennent se glisser dans ce film de "geek". 


L'Oasis nous vend du rêve

Il faut le dire tout de suite. Les 40 premières minutes du film sont sensationnelles. On y apprend comment fonctionne l'Oasis, qui est son fondateur et les enjeux de l'histoire. En clair, on suit la vie de Wade, un jeune adolescent de 18 ans, passant la plus grosse partie de son temps à jouer dans l'Oasis, un monde virtuel créé pour divertir le peuple plongé dans la dépression. Son plus gros passe-temps reste tout de même la chasse à l'oeuf d'or. En effet, le créateur du jeu virtuel, James Halliday, a décidé qu'à sa mort, la totalité des actions de son entreprise seraient mises en jeu. De ce fait, les joueurs doivent réussir à récupérer trois clés permettant d'ouvrir la salle qui contient cet oeuf et devenir ainsi le propriétaire du jeu. Dans cette longue introduction, on y découvre surtout l'immensité créative de l'Oasis.
Spielberg a vraiment fait un énorme travail concernant l'Oasis. La première scène d'action en "course poursuite" façon "Burnout" est un vrai régal pour les yeux. C'est une des scènes les plus impressionnantes du film et sa réalisation est vraiment extraordinaire. 
Malheureusement, à part une scène ou deux, le film ne retrouvera pas l'esthétique qu'il a pu atteindre sur cette scène. 
SPOIL : Cependant, une scène en particulier a su se démarquer des autres : celle de Shining
Dans le cadre de la deuxième étape du jeu, Wade et son équipe d'amis doivent se rendre à l'intérieur d'un film pour aller chercher la deuxième clé. Manque de chance, ils vont se retrouver dans un des films d'horreur les plus vicieux de notre histoire. La reconstitution des décors est parfaite et l'appropriation des scènes les plus mythiques est plutôt intelligente, que ce soit les deux petites filles, la vague de sang ou le passage dans le labyrinthe enneigé. Ce qu'aucun réalisateur n'a pu/su faire, Spielberg l'a fait.
Au-delà de ça, Spielberg a surtout voulu faire plaisir aux fans de la pop culture. En effet, cet espace virtuel permet de devenir ce que l'on veut et laisse donc place à une créativité sans limite. On y retrouve notamment King Kong, Retour vers le futur, Halo, Jurassic Park... Il y en a pour tous les goûts et toutes les époques. C'est vraiment un superbe hommage rendu à la pop culture et la nostalgie arrive souvent à nous envahir en regardant le film. 
Alors, dit comme ça, ce film semble être un OVNI qui marquera notre époque... Pas si sûr que ça...


Les défauts d'un blockbuster grand public

Dans Ready Player One, tout n'est pas parfait, loin de là. 
Alors que Steven Spielberg aurait pu signer l'un des meilleurs films de la décennie, il a décidé de faire un film tout public et de l'adapter selon ce critère.
Finalement, on se retrouve avec un monde virtuel sympathique accompagné d'un monde réel peu crédible. 
La morale du film devrait être : "le monde réel est plus important que le monde virtuel". Pourtant, Spielberg a tout misé sur le virtuel. Très peu de choses sont bien réalisées dans ce monde futuriste. Premièrement, la police n'est jamais là. Des entreprises se permettent de détruire des bâtiments entiers et rien ne se passe, à part dans les deux dernières minutes du film.
Il y a également le grand méchant "Sorrento", PDG de l'IOI, qui ne sert qu'à faire le clown pendant tout le film et est accompagné d'une équipe de "bras cassés". Tout cela semble très peu crédible pour la deuxième plus grosse entreprise du monde. Par ailleurs, le film nous réserve une histoire d'amour niaise au possible et même un "je t'aime" balancé au bout de 15 minutes de connaissance. Ce film n'avait pas besoin d'une histoire d'amour inutile. Avec cette erreur, Spielberg assume une nouvelle fois son choix de réaliser grand public.
Malheureusement, la longue liste des défauts ne s'arrête pas là. En effet, ce film contient beaucoup trop de raccourcis scénaristiques. Tout d'abord, rien ne peut leur arriver dans la vraie vie : on voit, par exemple, Wade s'échapper tranquillement lorsque IOI, armée jusqu'aux dents, débarque dans la planque des rebelles. De plus, la scène d'extraction de Samantha, qui doit seulement appuyer sur un bouton au-dessus d'elle pour pouvoir sortir de sa petite prison, démontre la facilité déconcertante qu'ont les personnages à s'échapper des situations les plus compliquées. SPOIL : Enfin, le plus bel exemple reste la mort de la tante de Wade et l'absence totale de réaction du personnage principal par rapport à celle-ci : incompréhensible.
Dans l'Oasis, ces raccourcis scénaristiques sont justifiés, et encore... Les indices trouvés par Wade dans la base de souvenirs d'Halliday sont subitement détectés alors que tous les joueurs les cherchaient déjà depuis plusieurs années.
D'autre part, on ne pourra pas dire que c'est le scénario le plus recherché de l'année. Ce n'est pas un film novateur de ce point de vue là et la façon d'amener la troisième épreuve de la compétition, sortie de nulle part, ne fait que confirmer cette pensée. 


Une bonne adaptation ?

Personne n'aborde le sujet de l'adaptation alors que c'est souvent le cas habituellement. Pourquoi ? La question reste sans réponse. 
En tout cas, il faut souligner que ce film respecte très peu le roman. La trame initiale, concernant l'histoire d'Halliday et la quête de l'oeuf d'or, est évidemment respectée. Cependant, le contenu des épreuves, l'évolution de Wade, la relation avec Samantha et beaucoup d'autres aspects de l'histoire sont différents dans le livre. Il aurait peut-être fallu couper le film en deux parties en prenant soin de développer un peu mieux le scénario et le monde des jeux vidéos en général. Car oui, le caractère "jeux vidéos" n'est pas utilisé de façon incroyable. Le film met énormément en avant la possibilité de tout créer, de devenir les personnages que l'on souhaite sans aborder les principes mêmes des jeux vidéos auxquels il est possible de jouer. Les jeux vidéos ne se résument pas seulement à la création de personnages, de voitures etc. Finalement, beaucoup de personnes ont pris plus de temps à chercher les références façon "Où est Charlie ?" que de profiter de l'univers de ce jeu vidéo.
Effectivement, on peut ramasser de la monnaie virtuelle ou avoir un magasin d'objets mais c'est à peu près tout. Par exemple, un film comme Jumanji est allé souvent plus loin en terme d'exploitation du jeu vidéo alors que le film n'est globalement pas une merveille.

Pour conclure, Ready Player One est un bon film de divertissement, contenant de magnifiques effets visuels et une bonne mise en scène. Néanmoins, le film souffre d'un scénario peu novateur, d'une multitude de raccourcis scénaristiques et d'un manque de crédibilité dans le monde réel.


Note : 6,5/10

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